Dishonored - PC

Prenez un peu d’Arx Fatalis, mélangez avec une bonne dose de Bioshock, saupoudrez d’infiltration à la sauce Deus Ex et vous obtenez Dishonored. En quelques clichés du milieu, c’est cela, mais grâce à toutes les influences que le jeu pique ici et là, il parvient néanmoins à créer sa propre identité. Le début d’une franchise à succès ?

Vous incarnez Corvo, garde du corps, servant, confident, homme à tout faire de la Reine, se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Rentrant d’une expédition, à la recherche d’information sur la Peste et l’invasion de rats ravageant Dunwall, vous assistez impuissant au meurtre de votre Reine et à l’enlèvement de sa fille. Vous êtes arrêté, croyant dans un premier temps à une erreur judiciaire, mais que nenni, un complot se trame derrière tout ça et vous tentez dans un premier temps de sortir de prison la veille de votre exécution grâce à l’aide d’une résistance intégrant quelques personnalités de la haute société au courant de la manigance et restée fidèle à la Reine. Mais ce n’est pas tout puisque l’Outsider, un personnage mystérieux, vous contacte et collabore en vous donnant ses pouvoirs. Partant de ce postulat, le titre offre des possibilités incroyables toutes plus diversifiées les unes que les autres, mais en gardant une linéarité troublante.

Avec toutes les options que le gameplay nous donne pour compléter l’aventure, on aurait presque aimé avoir un gigantesque bac à sable, où l’on pourrait vaquer à nos occupations comme bon nous semble dans l’ordre qui nous convient le mieux. Cela est vrai, mais uniquement lors de mission aux objectifs bien précis. Car toute la maestria du jeu réside dans le nombre de possibilités pour accomplir un objectif qui peut accessoirement changer en fonction de vos actions ( !). Ainsi, même si le jeu est linéaire et nous amène à un point Z inévitable, la rejouabilité est un atout indéniable d’autant plus qu’il existe pour chaque but presque une demi-douzaine (si ce n’est plus) de passages possibles. Encore mieux, vos actions ont un impact sur le comportement de vos « amis ». Juste avant de partir accomplir votre tâche, une femme vous interpelle et vous demande de ne pas tuer son père pourtant bras droit du grand vilain que vous vous apprêtez à occire. Plusieurs choix s’offre à vous, le tuer froidement par la lame, les balles ou le poison et revenir en méchant pas beau, le neutraliser sans le tuer dans le feu de l’action ou tout simplement le laisser tranquille même s’il nous tire dessus si ce dernier vous a repéré, si vous avez joué la carte de l’infiltration, car vous pouvez très bien jouer les bourrins et foncer dans le tas par la porte d’entrée ou escalader les toits pour pénétrer par une fenêtre ouverte. Bien entendu, ses choix sont des résultantes de vos actions passées.

Car même si l’histoire reste la même, comme il est dit plus haut, vos « amis » pourraient se méfier de vous s’il s’avère que vous dégainez un peu trop facilement. D’autant plus, toujours dans l’optique d’offrir un maximum de possibilité, vous pouvez finir le jeu en étant un monstre, en tuant même les civiles, ou, au contraire, en étant pacifiste, voir même pour les pros, en fantôme avec zéro détection. Votre façon de jouer influe même sur la durée de vie allant de la petite dizaine d’heures, jusqu’à la bonne vingtaine en accomplissant tous les objectifs facultatifs et en se la jouant furtif. Pour vous aider à rester dans cette ambiance, tantôt Rambo tantôt Lupin, la bande sonore est ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle. Sachant se faire discrète à certains moments pour sentir monter une certaine tension elle est en revanche bien supérieure à la qualité du doublage français, bon, mais sans plus. Le must est la possibilité d’écouter en furtif, parfois pendant de longues minutes, des personnages non-joueurs. Cela peut ne servir à rien, mais parfois cela vous aide dans votre progression en vous indiquant un chemin plus facile à emprunter qu’un autre.

Et cela est dû en grande partie au level design du jeu qui est un véritable chef-d’œuvre à lui tout seul. Il est facile, lorsqu’un développeur le veut, de proposer plusieurs passages : la ligne droite, les toits, peut-être même les souterrains, mais là où certains jeux tentent, Dishonored réussit et excelle dans ce domaine en parvenant à proposer plusieurs chemins dans les différents passages déjà existants. De plus, certains endroits évoluent en fonction des actions effectuées, des personnages rencontrés et des objectifs accomplis. Un véritable terrain de jeu labyrinthique dans lequel on prend énormément de plaisir à évoluer. Et ce n’est pas tout, puisque l’habillage enrobant tout cela n’est, certes, pas exceptionnel d’un point de vue technique, mais il dégage une ambiance XIIIe siècle très réussi, mais surtout très travaillé. C’est peut-être ce qui caractérise le plus ce jeu : travail. Car derrière chaque point évalué, on ressent beaucoup de travail pour tenter de livrer le meilleur jeu possible. Et surtout, malgré cette technique friable, le titre arrive à créer son propre style graphique à l’instar de Bioshock il y a 5 ans.

Avec tout ce qui a été écrit dans ce test, Dishonored apparait comme un jeu d’action/infiltration, mais il a quelques notions de jeu de rôle très sympathique également. Notamment l’obtention et l’upgrade de pouvoirs grâce à la récolte de runes et autres charmes d’os. Si ces derniers servent à augmenter quelques statistiques intéressantes comme la santé restaurée après avoir mangé ou la vitesse des attaques à l’épée, les runes constituent une sorte de monnaie utilisée pour augmenter définitivement, sur deux niveaux, cinq pouvoirs principaux et cinq pouvoirs secondaires que l’Outsider vous a confiés. Sans rentrer dans les détails (déjà 1000 mots, allez acheter le jeu !), la Vision des Ténèbres vous permet de voir les ennemis à travers les obstacles, le Clignement est un déplacement supersonique, mais pas une téléportation, le Pli Temporel peut ralentir ou arrêter le temps, la Nuée Vorace envoie des dizaines de rats affamés, la Rafale envoie volé tous les objets sur votre passage et la Possession permet d’incarner un animal ou un être humain. Chaque pouvoir consomme une quantité de mana différente et nécessite un nombre de runes inégales. Par exemple, le Clignement demande beaucoup de mana et de rune pour l’activer alors que la Vision des Ténèbres est tout l’inverse. Un mot sur l’inventaire, quasiment inutile grâce aux raccourcis et à la barre de compétence. Notez également que plusieurs types de munition sont disponibles pour une même arme.

En conclusion, Dishonored est le jeu coup de cœur de la rédaction, peut-être même de l’année. Beau, profond, diversifié et avec un taux de rejouabilité exponentiel, vous en aurez pour votre argent. En plus, il ravira les amateurs de scoring puisqu’après chaque mission, un tableau récapitulatif avec vos statistiques est affiché montrant notamment le niveau de Chaos engendré par vos actes. Courez l’acheter !